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Comment j'ai vécu le retour après une année autour du monde en sac à dos: bilan après 8 mois



A tous nos lecteurs qui nous ont suivi pendant ce tour du monde, de près ou de loin, à nos amis et notre famille, aux rencontres, aux autres voyageurs, aux curieux, à toi qui lit ce texte...


Huit mois après notre retour en Suisse, je pense qu'il est temps d'enfin mettre des mots sur cette expérience extraordinaire. Il a fallu du temps, mais aujourd'hui je me sens prête à partager mes sentiments.


Ca nous a pris une année pour préparer notre projet de partir en sac à dos autour du monde. Nous l'avons imaginé, créé, rêvé, mais aussi financé, peaufiné et préparé avec le plus grand soin, avant de finalement, se lancer. Nous sommes partis, nous nous sommes jetés tout droit vers l'inconnu, avec l'adrénaline et la peur qui va de pair avec ce genre d'aventure! :) Pendant cette année, nous avons totalement vécu en dehors de notre zone de confort, donnant tout pour vivre à 1000 à l'heure et tirer le maximum de ce que la vie et le monde nous offraient. Chaque pays, chaque rencontre, chaque habitant, chaque coutume nous inspirait et nous remplissait la tête d'idées et de projets. Nous étions en pleine ascension, nous planions au-dessus d'un océan de bonheur et de simplicité. Nous étions convaincus que cette expérience nous aiderait à changer le monde à notre façon, à ne pas attendre gentiment que la vie idéale se pointe mais plutôt à la créer: à enfin être maître de notre destin.


Une année a passé et le 13 janvier 2017, nous sommes rentrés à Genève. Des étoiles plein les yeux, une vision différente de la vie, la peau encore matte et les cheveux salés. Et ce jour, pour moi, tout a basculé...



Le retour


Stade 1: les retrouvailles


Quelques heures avant le retour d'un long voyage, on se sent partagé: triste de tourner une page incroyable de découvertes mais contents de retrouver les proches. Après plus d'un an, je peux vous assurer que l'adrénaline du retour est très forte! Elle permet d'adoucir la fin du voyage. On se rappelle du jour où on a justement dit au revoir à nos amis et notre famille dans ce même aéroport, quand toute l'histoire était encore à écrire. Et pouf, quelques tours d'horloge plus tard on est revenu là, dans le futur cette fois, le chapitre est déjà écrit et l'histoire se termine. Quelque part, on est contents d'avoir réussi et on ne tient plus en place de revoir tous ceux qui nous ont manqué, pour tout leur raconter et "rattraper les moments perdus", comme on disait. Notre sac est plein de souvenirs et notre tête déborde de positive attitude à transmettre.


On s'embrasse, on s'enlace, on rit aux éclats, on pleure de joie parfois, on fait la fête, on trinque, on ne peut s'arrêter de discuter. Il y a tant à raconter! Quelque part, j'ai l'impression que rien a changé dans le décor, à part l'acteur principal: moi. Mais ça, c'est pas au stade 1 qu'on s'en rend compte... Bien loin de là! 


Les retrouvailles durent en général moins d'un mois. Petit à petit, on revoit tout notre entourage et les premiers instants sont toujours magiques, parce qu'on a tellement de choses à se dire, des choses intéressantes et constructives, qui sortent de l'ordinaire, qui font rêver et voyager. Mais les retrouvailles c'est aussi avec le monde extérieur et la vie active. A mon retour, j'avais un nouveau chapitre totalement vierge devant moi, il ne me restait plus qu'à tout écrire. J'avais toutes les possibilités de faire de ma vie une oeuvre d'art. A moi de savoir manier les pinceaux...



Stade 2: voir que rien a changé sauf toi


A Genève, tout me semblait incroyablement génial dès mon retour. Il a neigé le matin de mon premier réveil. J'ai regardé la neige par la fenêtre, recouvrant les champs, comme une enfant le matin de Noël. J'ai pris le petit déjeuner, j'ai discuté avec ma maman: j'avais tellement de choses à dire! Le soir, on est sortis, on s'est promenés dans les rues, on redécouvrait notre ville, quoi! 


Puis après 3 semaines, j'ai passé à la prochaine étape. J'avais déjà revu tout le monde et petit à petit, les gens s'en balançaient de nos histoires. J'avais tenté de répondre un milliard de fois à la question: "alors, c'est quoi ce que t'as préféré?". J'ai l'impression de les soûler, à toujours trouver une anecdote à raconter ou pire, je ne prends même plus de plaisir à parler du voyage car je me dis qu'ils ne peuvent pas comprendre. Je prends brutalement conscience que je n'ai plus ma place ici, qu'il faut que je reparte de zéro, que ce voyage m'a transformée et que je me sens totalement étrangère à ce que je pouvais appeler avant mon "home sweet home".


Les rues semblent soudain toutes ternes, toutes les mêmes. Les conversations tournent autour des critiques, les gens râlent pour un rien, il fait moche, il pleut, il fait nuit, les couleurs ont disparues, comme les rencontres improbables et les découvertes. 



Stade 3: le chemin tout tracé que tu veux contourner


Enfin, il faut se remettre à la vie active et arrêter de vivre sur un nuage: "va chercher du travail, envoie des CV, des lettres, inscris-toi au chômage, fais des démarches, arrête de rêvasser et prépare-toi à retomber dans ta routine que tu voulais tant éviter." Autour de moi les gens se marient, font des enfants, se posent dans une petite vie bien rangée. Mais les questions n'arrêtent pas aussi à mon égard: "c'est quoi la prochaine étape? le mariage? les enfants?". 


Je suis bousculée au-dessus de mon océan de bonheur et de simplicité. Je me sens perdre de vue mes idées et mes projets. Alors que je voyais ce voyage comme un tremplin pour mon futur, je me rend compte qu'il ne devient qu'une parenthèse de ma vie. Je prends conscience de vouloir à tout prix contourner le petit chemin stable que nous impose notre société, mais à chaque fois je reviens au point de départ.


Je veux voyager, je veux créer, transmettre une énergie positive aux autres, inspirer, je veux me sentir vivre tous les jours et surtout, je veux être épanouie, autant que je l'étais pendant 365 jours. Si tu lis encore ce texte et que tu penses "arrête de rêver, la vie c'est pas ça", je te dirais que tout rêve est réalisable lorsqu'on s'en donne les moyens. Je me répète ces petites phrases motivantes dans ma tête et me force à continuer de cogiter.



Stade 4: le retour au travail


Au courant du deuxième mois après le retour, mon océan est déjà à moitié desséché. Je continue bien sûr à me repasser les souvenirs en boucle, les photos, les vidéos, les articles du blog, en espérant que cela me mène quelque part et résolve l'énigme mystère de mon futur encore à écrire. Mais voilà: je sens que la réponse n'arrivera pas sans rien et je n'ai pas les moyens d'attendre plus longtemps sans bouger. Je suis donc déterminée à trouver un travail au plus vite, pensant que ça ira mieux le jour où je pourrais retrouver un rythme.


Je décroche un job dans une agence de voyages pour jeunes et étudiants, exactement comme je l'avais voulu. Je suis fier d'avoir atteint mon objectif, c'est une réussite pour moi et un grand nouveau départ. Je donne les premiers coups de pinceaux à ma toile et espère embarquer dans le bon avion pour ma destinée inconnue.


Les semaines défilent à l'agence de voyages, je ne trouve pas ma place malgré toutes mes espérances. Les trajets de 3h30 aller-retour par jour en transports publics me lessivent complètement (et pourtant, j'en ai fait des heures de bus pendant ce tour du monde! ^^), je n'arrive plus à me reconstruire une vie ni à reprendre de nouvelles marques. Je suis totalement perdue dans mon propre pays. Tous les jours, j'organise des voyages aux 4 coins du monde pour des clients quand je ne peux même pas me payer un repas dehors. Ma toile est entamée et reste inachevée pendant des semaines. Je n'avance pas, je recule même. Je croyais que c'était ce que je voulais, pourtant...


Stade 5: la descente aux enfers


Je vais mal, très mal. Je rentre tard, je ne ressens pas le besoin de parler à d'autres personnes, je ne me reconnais plus, je préfère rester seule, me défouler au sport, me poser 1000 questions et ne pas trouver une seule réponse... Quand j'essaie d'obtenir du réconfort via d'autres voyageurs, je me rends compte que je suis loin d'être la seule dans cette situation! Mais je ne comprends pas, que se passe-t-il? Que m'arrive-t-il? 


Le voilà, le syndrome du retour et je suis en plein dedans. Tombée tout en bas d'un gouffre, je ne vois plus la lumière, je ne vois plus comment m'en sortir. Je me referme complètement. Je décide alors de commencer des séances chez une thérapeute, car j'ai l'espoir que toute cette déprime est simplement un surplus d'énergie positive en moi qui ne sait pas comment être utilisé. 


Les jours défilent et je suis toujours à la recherche de l'inconnu. D'ailleurs, je n'arrive pas à voir où cette année va me mener, où je serais dans un mois, avec qui autour de moi. Je cherche le moyen de partir à tout prix, en pensant que si je ne trouve rien ici c'est peut-être qu'autre chose m'attend ailleurs?


Stade 6: la prise de conscience du bonheur


J'ai la chance d'être entourée de personnes formidables. Elles ont réussi à me faire remonter en un éclair, sans vraiment savoir, au fond, la raison de ma déprime. Un jour, alors que je continuais à m'isoler, à chercher les réponses à toutes mes questions et à définir le sens que je voulais donner à ma vie, j'ai reçu un électrochoc qui a failli me faire tout perdre. C'est là que j'ai réalisé que j'avais de la chance d'être là où j'étais, d'avoir pu faire cette expérience magnifique.


J'ai pris mon courage à deux mains et je me suis décidée à plaquer tout ce qui ne me convenait pas et ne garder que les bonnes ondes. J'ai quitté mon job, j'ai dit adieu aux trajets interminables et je suis retournée travailler dans un lieu connu sur Genève, entourée de personnes avec qui je me sens "comme chez moi". C'est en comptant sur tous ces petits bonheurs qu'on arrive par la suite à construire quelque chose, car le bonheur est comme une maison, on a besoin de bases solides et il faut la construire brique par brique, sans sauter d'étapes.


Aujourd'hui, j'ai retrouvé une stabilité que je ne cherchais pas forcément au départ. Mais j'en avais besoin et pour l'instant, elle me fait du bien. Elle me permet d'un côté d'être heureuse à ma manière chaque jour et de l'autre de continuer à construire le chemin qui me mènera un jour là où j'aimerais aller, pas à pas, brique par brique.



Conclusion


Ce voyage m'a donné bien plus de leçons que j'en aurais reçues à l'école. Il a soulevé beaucoup de questions aussi et je n'ai d'ailleurs pas encore trouvé toutes les réponses... Cette année n'était pas 365 jours de vacances, de farniente sur la plage ou de sirotage de cocktails. C'était une constante découverte, où il fallait se dépasser tous les jours. Il est différent pour chaque voyageur, chacun le vivra différemment. Certains ne rentreront jamais, même. Quelque part, je suis rentrée physiquement mais mon esprit est toujours en quête de cet océan de bonheur et simplicité... et j'ai l'espoir de le trouver bientôt.



Si tu es aussi rentré chez toi après un voyage qui t'a apporté plus que ce que tu ne penses, j'aimerais beaucoup connaitre ton histoire :-)


A bientôt,

Loli.








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