Au Brésil, on arrête pas, mais alors vraiment pas! Heureusement que Fanny et Alizée ont prévu un mois pour voyager au Brésil, car depuis le début on se tape pas mal de nuits et journées entières de transport! Aujourd'hui, on avale 1500km en 28 heures. Il faudra prendre un transport privé pour nous 4 de Pipa à João Pessoa pendant 2 heures, puis changer pour un bus de nuit jusqu'à la grande ville de Salvador. Enfin, après avoir trainé quelques heures au terminal, notre dernier bus nous emmènera jusqu'à la ville de Lençois, loin de la côte.
Loin de tout
Si on a choisi de faire 8 heures de bus en plus pour venir jusqu'à Lençois, c'est dans le but de visiter le parc national Chapada Diamantina. Ce parc regorge de paysages magnifiques, de cascades, de monts à grimper, de sentiers à parcourir et de randonnées multiples. Le temps de quelques jours, on oublie le bruit des villes, la mer et les bus de nuit.
On arrive en début de soirée dans le village de Lençois, après avoir traversé des champs à perte de vue sans presque aucune habitation. C'est la première fois qu'on s'autorise à marcher seuls la nuit, apparemment ici on ne craint pas grand chose et on remarque tout de suite la différence. Arrivés à notre auberge très mignonne, Nelson discute avec la propriétaire pour avoir plein d'informations sur comment organiser au mieux notre temps dans le parc Chapada Diamantina, qui est plutôt gigantesque.
Malgré la présence d'agences à tous les coins de rue, on préfère éviter la visite du parc avec un guide et s'y aventurer seuls à l'aide d'une voiture de location. C'est une solution envisageable, bien qu'en période chargée les voitures peuvent partir très vite: il n'y qu'une seule agence à Lençois. C'est comme ça qu'on nous loue une première voiture pour la journée du lendemain et une autre en plus mauvais état pour les deux jours d'après. A Lençois, les voitures sont plus abîmées et coûtent plus chers qu'à Salvador, pour information.
Voici une carte de l'ensemble du parc et des routes goudronnées et en terre, ainsi qu'une liste des prix de voitures de location.
Poço do diablo (le puit du diable)
Ce matin, on est au taquet pour partir à la découverte des merveilles du parc. Il faut choisir quel coin visiter avant de partir et regrouper les points d'intérêts: Chapada Diamantina c'est 150'000 hectares quand même! On prend des forces avec des sandwichs, des jus de fruits frais pressés (chacun a ses favoris, citron pour Ali, mangue ou passion pour Fanny, acerola pour Nelson et goyave pour moi!), et Fanny commande une crêpe de tapioca, un petit en-cas que les brésiliens adorent. Ca ressemble à une mini-crêpes blanche, qu'on replie en deux comme un délice salé ou sucré.
Ca ressemble à ça:
Et on est parti: Nelson prend le volant, direction le premier endroit à visiter: le puit du diable! Le long de la route, les paysages sont déjà magnifiques, bien qu'il faille garder un oeil attentif sur la route, les nids-de-poule gigantesques et les camions venant de face. Nous voilà à l'entrée de la marche pour arriver jusqu'au puit du diable. Il nous faut pas moins de 10 minutes pour atteindre une belle cascade noire, où les gens se baignent malgré l'eau plutôt froide.
On continue un peu plus, à travers les gros rochers et serpentant sur de petits sentiers, pour arriver à une plus grande cascade tombant d'à peu près 10 mètres de haut, dans une sorte de gros puit tout noir. Voilà la maison du diable :-) une pause pas méritée s'impose, pour contempler ce spectacle et taquiner du regard un lézard bien curieux.
Les bains de Pratinha
Magnifique tout ça mais on en veut plus! C'est reparti pour quelques kilomètres en plus jusqu'au nord du parc, afin d'atteindre, cette fois, des caves. Un chemin se sépare en deux, il faut choisir quel cave on décide de visiter. Comme l'entrée est payante, on décide de n'en faire qu'une. On arrive alors aux bains de Pratinha, où un panneau indique le chemin pour la gruta azul (la grotte bleue). Cet endroit assez paumé attire quand même pas mal de visiteurs. Il faudra payer 30 réais pour y entrer. Une fois près de l'eau, on apprend qu'il faut payer pour nager, pour prendre des photos sous-marines, pour porter des gilets et des palmes obligatoires ou pour faire de la tyrolienne. Sur le moment, on ne comprend pas trop pourquoi on nous a demandé de payer une entrée... Alors on mange tranquillement notre pique-nique au bord de l'eau qui est transparente et magnifique, puis on décide d'aller voir ailleurs.
Dans ce coin, il est permis de se baigner, même si l'eau est beaucoup moins belle et que les algues du fond font horriblement glisser. Nelson s'amuse en donnant du pain aux petits poissons qui picorent les doigts et avec les filles on discute avec un couple de français. Quand il est l'heure de partir, on apprend que la fameuse grotte bleue se trouvait à quelques mètres de l'entrée et était incluse dans le prix du ticket. Oups... on l'aura loupée.
Coucher de soleil au Pai inacio
Lors d'une visite du parc, il y a un endroit à ne surtout pas manquer. En faisant marche arrière direction le village de Lençois, on s'arrête au parking du pai inácio, une demi heure avant le coucher du soleil. Cette montagne au sommet plat est un point de vue incroyable pour admirer les nuances de la tombée de la nuit et l'immensité qui nous entoure. Ca grimpe!
Le temps de s'amuser à faire quelques poses sur une pierre en équilibre, le soleil commence déjà à se coucher derrière les nuages à l'horizon. Malgré le fort vent tout là-haut, on résiste pour voir ce joli spectacle.
En voyant l'orage et la pluie arriver dans le ciel, on se précipite de retourner à la voiture pour pas se faire tremper. Ouf, c'était moins une! Une petite heure plus tard, nous voilà de retour à Lençois. Nous faisons les courses au supermarché pour notre pique-nique du lendemain et on achète de quoi faire un gros wok (sans wok) de nouilles sautées pour tout le monde.
Poço azul (le puit bleu)
Aujourd'hui, on prend tous nos sacs pour les charger à l'arrière de notre nouvelle voiture du jour (une cata!) car ce soir on ne dormira pas à Lençois, mais on ne sait pas encore où l'aventure nous mènera. Nelson suit le GPS qui nous emmène à travers des routes terreuses, où les champs alentours sont secs mais où on trouve quand même quelques habitations. Dans ce coin du parc, il y a deux "puits" à visiter, dont un où l'on peut se baigner. Nous décidons de voir le poço azul seulement, car une fois de plus, l'entrée coûte cher et le deuxième puit est en plus difficile d'accès.
Le puit bleu consiste en une jolie grotte, dans laquelle il faut descendre à l'aide de plusieurs escaliers, pour s'enfoncer dans la pénombre. Et là, surprise, la grotte est immergée! Les couleurs sont hallucinantes, les stalactites se reflètent dans l'eau cristalline, ce qui donne l'impression de voir une image dédoublée. L'endroit est encore bien préservé: on a le droit se se baigner 20 minutes avec un gilet de sauvetage et un masque / tuba pour distinguer le fond et les parois sous-marines.
On va pas vous le cacher: l'eau est très froide! Normal, il doit y avoir plus de 8 mètres de fond et l'intérieur de la grotte est quasi entièrement à l'ombre. Au moins, ça réveille, car dehors il fait une chaleur pas possible. Après avoir pris notre bain, on sort à la queue-leu-leu, derrière les brésiliennes qui depuis tout à l'heure ne peuvent s'empêcher de dégainer leur portable pour se prendre en selfie toutes les 5 secondes... Et même si au Brésil le string est largement adopté par tout le monde, on peut pas s'empêcher de se faire la réflexion qu'elles ont oublié de mettre leur pantalon quand on les voit marcher dans la rue 😂.
Une belle rencontre
Nous arrivons ensuite à Andarai, un village qui nous plait beaucoup. Alors qu'on a l'intention de s'asseoir sur le bord du trottoir pour manger nos salades de pâtes et fruits et réfléchir à la suite de la journée, une brésilienne assise devant sa porte nous interpelle. Nelson discute avec elle des choses à voir aux alentours, notamment d'une cascade qu'on recherche sans succès. Elle nous propose alors de nous y emmener dès qu'on aura fini de manger. Génial!
Equipée, elle nous annonce qu'on en aura pour environ une heure de marche.
Nous: il faut mettre des baskets?
Elle: non, non des tongs ça ira.
Forcément, au pays des Havaianas, quelle idée... et ben on regrettera très vite! A tour de rôle, on casse nos tongs, on glisse dedans, on se casse la tête 😂. C'est ici que naîtra le surnom "chanel" pour dire "tongs"! Car en portugais, ça se dit "chinelo". Prononcé assez vite, on entendrait facilement "chanel". Nos tongs sont devenues des chanel :-) trop la classe!
Enfin bon, c'est comme marcher en Louboutins au milieu des cailloux: pas une partie de plaisir! La brésilienne sautille, nous on fait plus attention à ne pas glisser. On est pas encore des pros de la chanel... Anyway, le paysage est fantastique, on se retourne souvent pour admirer la vue!
Nous arrivons à un premier point de vue sur une étendue de cascades... sans eau. On sait qu'on est en période sèche, car il est possible de voir où le torrent de l'eau passe d'habitude. On pourrait se baigner dans la mini-piscine, mais la couleur noir-rouge de l'eau ne donne pas du tout envie!
Nelson et les filles continuent avec la brésilienne pour aller voir une autre cascade plus loin et Nelson en profite pour se baigner, même si l'eau n'a pas une couleur très attirante, mais ça rafraichit.
On attaque le retour, qui s'avère plus difficile en descente. Attention aux chanels!!! La brésilienne voudrait nous montrer encore un tas de trucs, mais on a pas le temps, on a beaucoup de route qui nous attend avant d'arriver au village où on veut passer la nuit... Elle nous invite quand même à boire un verre de jus d'acerola (une sorte de cerise) pressé de son jardin et enfin, on la remercie et lui fait nos adieux.
Vale do capão
La route est longue jusqu'au prochain village: il nous faudra 1 heure pour arriver jusqu'à l'entrée d'un chemin de terre, puis encore 1 heure sur cette route pleine de trous et pas éclairée. Quand nous arrivons enfin, on constate qu'il n'y a qu'une rue principale et donc pas 36 endroits pour chercher où dormir. Après un rapide tour d'horizon, on décide de s'arrêter dans une auberge tenue par un français et sa femme brésilienne, et on tombe de fatigue sur notre lit, après avoir grignoté quelques biscuits et fruits.
Pour sortir des sentiers battus et se retrouver quelques jours, cet endroit est idéal. Il y a d'ailleurs pas mal de hippies (argentins pour la plupart) et d'expatriés venus s'installer ici, loin des grandes villes, juste au coeur de la nature. On demande conseil au patron de l'auberge, qui nous recommande d'aller marcher jusqu'à la fumaça, une grande chute d'eau de 340 mètres de haut. Vendu! On charge la voiture et on grimpe dedans par deux des quatre portières qui fonctionnent...
Petit singe qui mange une banane
La fumaça
On entame alors la marche de 7km qui nous sépare de la chute d'eau, récompense de la fin. Il faut d'abord grimper pendant une demi heure, avant de se retourner pour admirer la magnifique vue sur toute la vallée du capão. Aujourd'hui, il fait très chaud et le ciel parait menaçant...
Alizée fonce à toute allure en tête de file, Nelson grimpe quatre à quatre, et Fanny et moi marchons à notre rythme en discutant et admirant le paysage. Un nombre limite de personnes est autorisé chaque jour à entrer dans la réserve pour accéder à la fumaça, heureusement on y arrive encore, même si on est pas partis à l'aube. Maintenant, on a tout notre temps!
On s'enfonce ensuite un peu plus dans la forêt, traversant des petites flaques des pluies passées, des restes de boue ou passant à travers des herbes hautes.
Après 1h30 de marche, nous atteignons le sommet. Un panneau indique qu'il ne faut pas s'approcher du bord debout, mais qu'il faut ramper à plat ventre pour voir le vide, pour ne pas perdre l'équilibre et tomber... 340 mètres plus bas! D'accord... c'est rassurant. On s'exécute alors, on rampe jusqu'à voir un vide énorme et distinguer tout en bas le fond de la chute d'eau.
Mais il n'y a pas de cascade! La fumaça est toute sèche, il n'y a que quelques gouttes qui remontent en sens inverse, tellement le flux est léger et le vent trop puissant. Même si on ne la verra pas comme sur les photos, la vue depuis le sommet vaut clairement la peine. On s'y arrête d'ailleurs une demi heure pour contempler le panorama et se fondre dans l'ambiance de l'endroit.
La descente est plus facile pour certains que d'autres. Heureusement, cette fois on est pas en chanel et on risque pas de se casser un pied. :-)
Ne jamais écouter un brésilien, toujours porter des chaussures de marche 😂.
Une fois arrivés en bas, tous les marcheurs profitent du robinet d'eau pour s'hydrater et signer le registre de marche.
A midi, on reprend des forces avec des jus de fruits frais pressés et du "cuscuz" brésilien, qui ressemble en apparence au couscous qu'on connaît, mais fait avec de la farine de tapioca.
Vers 15h, on décide de commencer à rentrer gentiment au village principal de Lençois, mais en s'arrêtant d'abord vers une petite chute d'eau qui mène à une rivière. Malheureusement, le vent commence à se lever, l'orage est tout près et on sent les premières gouttes de pluies arriver. On remballe tout, on monte dans la voiture et c'est parti pour la route du retour.
Il nous reste maintenant 4 heures à tuer avant de prendre notre bus de nuit pour Salvador qui ne part qu'à minuit! Douche rapide dans notre ancienne auberge, geekage et buffet brésilien. Enfin, on marche jusqu'au terminal et on s'en va. Bonne nuit :-)
Infos utiles:
Trajets:
- Praia da Pipa - João Pessoa en voiture, 50R par personne
- João Pessoa - Salvador en bus, 165R par personne, départ à 19h arrivée à 10h30
- Salvador - Lençois (Chapada Diamantina) 80R par personne, départ à 13h arrivée à 19h
- Lençois - Salvador, 100R par personne, départ à 23h50 arrivée à 6h
Où dormir?
- A Lençois: wanderlust hostel. 30R par personne pour une chambre twin, mais tout est ouvert alors c'est presque comme un dortoir. Douches, cuisine partagée, propriétaire très sympa
- A vale do capão: casa de nômades. 35R par personne en dortoir, 50R avec le petit-déjeuner bien complet. Patron est français.
Où manger?
- Dans les petites ruelles de Lençois, il y a plein d'animation et de restaurants ouverts le soir. Ils sortent des tables et les posent sur les rues pavées, musique, happy hours et plats du jour.
Activités:
- Poço do diablo: entrée gratuite. Le "surveillant" du parking nous a juste demandé une petite pièce pour avoir surveillé notre voiture...
- Gruta azul & bains de Pratinha: 30R
- Pai inacio: 6R
- Poço azul: 30R
- Cachoeira da fumaça: gratuit
