Et si on vous emmenait hors des sentiers battus, en quelques sortes? Loin des incas, du Machu Picchu ou du lac Titicaca? Les amoureux de la nature... vous allez adorer et en redemander!
Huaraz, la cordillère blanche et le parc national Huascarán
La région autour de Huaraz n'est pas si touristique, car les voyageurs se concentrent généralement plus sur les alentours de Lima, Arequipa, Puno et Cusco qui ont déjà beaucoup de choses à offrir, surtout pour un parcours de 2 à 3 semaines. Monter jusqu'à Huaraz implique plus de trajets et un temps d'acclimatation à cause de l'altitude, si on prévoit de voyager en bus. Hé oui, le Pérou c'est grand :-)
Nous avons décidé d'y aller pour voir des paysages différents de ceux du sud, ceux connu de tous lorsqu'on évoque le nom "Pérou". Le fait d'aller aussi dans une région moins touristique nous a tout de suite emballés! On a alors pris nos sacs et sans hésiter on est restés une semaine à Huaraz. Après la lagune 69, (lire l'aventure par ici) on s'attaque à quelque chose de plus difficile et plus long: le trek de Santa Cruz! Cette randonnée qui se fait en général en 4 jours traverse le parc national Huascarán, nom inspiré d'un sommet de 6768m, le plus haut du Pérou! Le sentier traverse de belles plaines, des cascades, des vallées et des rivières et un col à 4750m, le "punta union". La marche peut se faire en groupe organisé avec un guide et des ânes qui portent toutes les affaires nécessaires, du sac à dos aux caisses de nourriture et des tentes au sac de couchage. Mais il est tout à fait possible d'entreprendre cette randonnée seul! C'est ce que nous avons fait :-)
Contenu de nos sacs à dos C'est la première fois que nous allons faire un trek aussi long avec autant de poids sur le dos. Il faut donc quand même bien se renseigner sur les conditions et le parcours et sur ce qu'il faut emporter avec soi. À toutes fins utiles, voici une liste du contenu de notre sac:
Matériel: - 1 tente deux places - 2 sacs de couchage, température de confort -15 degrés - 2 tapis de sol - 1 réchaud avec une bouteille de gaz - 1 casserole - Des couverts - 2 verres - 2 bols - 2 couteaux suisses - 2 couvertures de survie - 1 lampe torche - 1 lampe frontale - 1 briquet - 1 appareil photo - 1 GoPro
Habits, par personne: - Une polaire - Un haut à manches longues type Odlo - Un pyjama long type Odlo / training - Une veste impérméable et coupe-vent - Un bonnet - Une casquette - Un short - Un pantalon - 2-3 t-shirts - Chaussettes - Chaussures de randonnée - Echarpe
Nourriture: (environ 4-5kg) - 1kg de Quinoa - 6 paquets de nouilles instantanées - 6 saucisses - 2 boîtes de thon - 4 paquets de soupe - 16 petits pain - 1 pot de miel
- 10 oeufs durs - 200gr de jambon - 300gr de raisins secs - 100gr de pommes séchées - 150gr de barres protéinées - 100gr d'amandes - 1 mini bouteille de sauce soja - 20 sachets de thé de coca - 2 petits sachets de feuilles de coca à mâcher - 200ml de sirop de framboise - 4.5 litres d'eau (2x bouteilles de 1L, 1x bouteille de 2.5L utilisée pour purifier l'eau de la rivière)
Poids de nos sacs: entre 12 et 15 kgs
Comment se rendre au point de départ? Le trek peut être fait dans un sens ou dans l'autre. Toutefois, nous conseillons de commencer par Vaqueria d'un point de vue difficulté, acclimatation et paysages. Pour plus de challenge, commencez par l'autre côté!
Débuter à Vaqueria:
La marche commence à une altitude de 3900m, au village de Vaqueria, pour atteindre 4750m au point le plus haut et terminer à 2900m.
Le trajet en voiture de Huaraz au village de départ du trek est pénible et long, soit 5h quasiment que sur des cailloux.
Pour y arriver, il faut prendre un minibus tôt le matin de Huaraz à Caraz, puis changer pour Caraz à Vaqueria
Il y a aussi la possibilité de s'incruster dans un minibus de groupe organisé et faire le trajet direct (40 Soles)
Débuter à Cashapampa:
Le trek commence à une altitude plus basse (2900m), il faudra donc monter plus dans ce sens. De plus, la montée des premiers jours se fait sur un terrain plein de pierres et glissant... pas forcément joli non plus lorsqu'on a la tête fixée sur le sol!
Pour y arriver, prendre un minibus de Huaraz à Caraz, puis un autre de Caraz à Cashapampa (un peu moins de 30 Soles)
Combien avons-nous dépensé pour le trek Santa-Cruz en autonomie?
Nourriture pour deux pours 4 jours = 85 Soles
Location du matériel pour 4 jours = 170 Soles (tente, tapis de sol, ustensiles cuisine, 2 sacs de couchage: agence de location: Inkandina Travel, contact: informes@inkandina.com)
Entrée au parc national, valable 21 jours = 2 x 65 Soles
Transport Huaraz - Vaqueria = 2 x 40 Soles
Transport Cashapampa - Huaraz = 2 x ~30 Soles
Total: 545 Soles pour 2 personnes
Ce qui revient au final bien moins cher que de payer pour un trek organisé, même si nous avons eu moins de confort. Mais l'aventure et la liberté de décider, on préfère ça au confort :-) le choix s'est vite fait!
Premier jour
Huaraz - Vaqueria - Paria
Temps de marche: 3h10
Kilomètres: 11
Dénivelé positif: 470 mètres
Dénivelé négatif: 220 mètres
Ce matin, on est méga motivés au réveil! On prend nos sacs, chargés avec tout le nécessaire pour le trek et on commence le trajet en minibus direction le petit village de Vaqueria dans le parc national Huascarán. Le groupe avec qui on partage le bus part avec un guide et plusieurs ânes pour transporter leurs affaires. Ils sont étonnés de nous voir partir tout seuls quand vient le moment de les abandonner! Pourtant, le chemin est bien indiqué, c'est ce qu'on nous avait dit... mais en tout cas pas au début du trek.
D'abord, il nous faut environ 1 heure de marche pour sortir du village de Vaqueria qui est petit mais étendu. C'est un peu un labyrinthe et on voit des petits sentiers dans tous les sens, alors évidemment on a plusieurs chances de se tromper! Heureusement, les habitants sont sympas et nous indiquent le bon sentier à prendre. Ce n'est qu'une fois sortis du village qu'on décide de s'arrêter à l'ombre pour manger notre pique-nique, accompagnés de plusieurs troupeaux de moutons. Nous croisons à plusieurs reprises deux français et une allemande (qui parle parfaitement français) accompagnés de leur guide et chargés comme des mules (comme nous, ce sont eux les mules).
A partir de là, plus vraiment de chance de se tromper, il faut suivre le chemin qui passe entre les montagnes, sauter par-dessus des petites rivières, s'enfoncer dans la forêt et esquiver les taureaux et les vaches. Au fur et à mesure, on doit remplir notre grande bouteille de 2L dans la rivière et la purifier avec nos tablettes "micropur". C'est parfait car la température est idéale pour marcher! Mais quand le soleil commence à se cacher derrière les montagnes, on est bien contents d'arriver au camping. On décide alors de marcher encore une vingtaine de minutes pour s'éloigner des groupes mais aussi pour prendre de l'avance sur la journée du lendemain.
On trouve le spot parfait, il faut juste balancer les sacs par-dessus la rivière et sauter! Et voilà, on a l'endroit est idéal avec une belle vue sur les pics enneigés et le coucher de soleil. On monte la tente rapidement, on ramasse du bois pour faire un grand feu et on enfile toutes nos couches d'habits car une fois le soleil caché et le vent levé, ça caille. Le feu nous réchauffe et sert aussi à faire du thé. Pour le repas, c'est le gaz qu'on utilisera pour cuire le quinoa et la soupe de vermicelles.
Conseil: prévoir un sac de couchage à minimum -10 de température de confort. Les nuits sont vraiment fraîches et malgré que le miens indiquait -15 degrés, j'ai eu froid toute la nuit et quasiment pas dormi.
Deuxième jour
Paria - Punta union - Taulipampa
Temps de marche: 7h10
Kilomètres: 11
Dénivelé positif: 920 mètres
Dénivelé négatif: 550 mètres
Le matin, on se fait réveiller par une vache qui s'est encoublée dans les fils de la tente!! J'ai bien cru qu'elle allait nous tomber dessus... ça c'est du réveil! On prépare le petit-déjeuner et enfin quand le soleil sort des montagnes on peut tout remballer tranquillement. Aujourd'hui est la journée la plus intense du parcours car il faut atteindre Punta Union, le col à 4750m d'altitude! On ne traîne pas et on entame la suite avec tout le matos remballé.
On attaque 5h de montée jusqu'au sommet. Une montagne en cache une autre et ainsi de suite, nous donnant ainsi toujours l'illusion d'être presque arrivés mais non... On s'arrête régulièrement pour des pauses d'adaptation et pour grignoter quelques raisins secs et noix de cajou. Quand on pense approcher, on demande à un local à cheval le temps restant jusqu'au col: 3 heures!!! Alors on continue encore un peu la montée raide puis on s'arrête pour le repas de midi. Grâce à notre petit gaz portable, on cuisine quelques nouilles instantanées au poulet, tout ça à l'ombre avec une vue à couper le souffle sur toute la marche que nous venons de faire.
Avec un peu de courage, on se remet en route pour passer le col. On y est presque! Une fois arrivés, on saute de joie, on est super fiers d'avoir réussi à passer le point le plus difficile de la randonnée et surtout, de bénéficier d'une vue incroyable sur la prochaine vallée avec ses lagunes, ses pics à toucher les nuages et ses grandes plaines vertes. Après quelques rapides photos pour marquer le coup (ça souffle comme pas possible!), on entame la longue descente, dernière étape de la journée avant d'arriver au camping.
Cela fait presque deux heures que nous n'avons plus croisé la rivière et nos bouteilles se vident, heureusement nous avions prévu assez en prévision de cette montée. Quand enfin on retrouve la rivière, Nelson va remplir les bouteilles et... tombe dans l'eau gelée!! L'eau lui arrive aux cuisses et heureusement car son téléphone était dans sa poche. C'est les chaussures toutes mouillées qu'il termine alors la journée jusqu'au camping. On trouve un bon endroit à l'abri du vent et des autres groupes de trekkeurs pour allumer un feu (normalement interdit), sécher les chaussures et commencer à cuire le quinoa, qu'on mélange avec du thon et de la sauce soja. Cette soirée au coin du feu, éclairés par les étoiles, est la meilleure du trek. On a de la peine à quitter la chaleur pour rentrer dans la tente toute froide!
Troisième jour
Taulipampa - Llamacoral
Temps de marche: 4h30
Kilomètres: 11
Dénivelé positif: -
Dénivelé négatif: 510 mètres
Cette nuit était toujours aussi fraîche que celle de la veille et le terrain pas très plat et parsemé de petits cailloux. Autant dire que le sommeil était difficile à trouver. Mais dès que le soleil apparaît, tout reprend son cours et on peut alors sortir, préparer le petit déjeuner et plier bagage. Un mignon petit chien nous tient compagnie ce matin pendant qu'on mange nos pains au miel.
Après une rapide toilette au bord de la rivière glacée, on se met en route en descendant encore pendant une demi heure. Aujourd'hui, une journée plutôt tranquille nous attend. Il y a un détour possible pour aller voir une lagune, mais on décide de ne pas la faire comme nous en avons déjà vu plusieurs et pour pouvoir arriver dans l'après-midi au camping. On traverse des grandes plaines sèches qui passent entre deux montagnes d'où le vent s'engouffre et nous empêche presque d'avancer à notre rythme. A l'heure des nouilles instantanées, nous croisons à nouveau le groupe de français qui partagent le repas avec nous, juste le temps d'avaler un morceau et de repartir de plus belle. Marcher sur des gros cailloux c'est pas évident pour les pieds! Il faut se concentrer pour pas tomber et des fois slalomer ou sauter par-dessus des cours d'eau.
Nous sommes seuls, nous croisons personne sur la route à part eux. Après avoir passé deux grandes et belles lagunes plus ou moins asséchées, nous arrivons tous en même temps au dernier camping qui est contre toute attente... le moins bien aménagé! Qu'on s'entende par "aménagé" aucun des campings du parc ne propose quoi que ce soit... Ce sont juste des aires avec de l'herbe et une surface plane. Mais celle-ci n'est pas plate, avec beaucoup de cailloux partout et des déchêts dans tous les coins. Malgré ça, on trouve un endroit à l'abri du vent qui souffle toujours autant, on sort les tapis de sol et on s'allonge quelques instants pour profiter du soleil. Pendant que Nelson se promène, je fais chauffer mon sac de couchage en plein soleil en espérant que cette nuit je n'aie plus froid. Quinoa et soupe aux champignons pour notre tout dernier repas. La pizza approche, on y pense beaucoup dès qu'on entame nos assiettes sans goût!!
Quatrième jour
Llamacoral - Cashapampa - Huaraz
Temps de marche: 2h30
Kilomètres: 12
Dénivelé positif: -
Dénivelé négatif: 850 mètres
Pour atteindre le village de Cashapampa, il nous faut seulement deux heures car tout est en descente. Nous nous réveillons à cause du soleil qui tape sur la tente et la transforme en sauna tout jaune. Après le petit-déj, nous repartons avec nos sacs qui sont maintenant plus légers, avec toute la nourriture en moins! Ne voyant pas les français aux alentours, on se dit qu'on doit être les derniers, alors on y va. Le chemin suit une rivière qui devient de plus en plus large et puissante. Le vent s'est enfin calmé et la descente qui nous attend n'est pas de tout repos pour les genoux, car nous marchons sur des grosses pierres. Le paysage est agréable, on découvre d'autres variétés de plantes et de fleurs au fur et à mesure que nous perdons de l'altitude. Comme on vous disait plus haut, ceux qui viennent en sens inverse doivent se taper quasi 2 jours et demi de montée et ceux qu'on a croisé aujourd'hui avaient vraiment l'air de souffrir de la chaleur et de la difficulté du terrain glissant...
Enfin, on aperçoit quelques maisons qui annoncent que le village s'approche! Et c'est qu'en voyant le panneau qui félicite les trekkeurs d'être arrivés à la fin et demande de signer le registrer que nous nous en rendons compte: ON L'A FAIIIIT! Arrivés à Cashapampa, accueillis par deux chiens, quelques poules et un petit chat noir, nous nous apprêtons à attendre les français pour prendre le bus. Mais une petite dame nous dit qu'elle a vu 4 personnes partir une heure plus tôt... En attendant le minibus, on mange sur sa terrasse les deux plats très copieux qu'elle nous a chaleureusement préparés: une soupe de blé délicieuse et une assiette riz / frites / oeuf au plat. Là, on est calés, c'est comme si on avait rattrapé nos micros-repas de ces 4 derniers jours.
On rentre alors à Huaraz l'estomac tout plein, ce qui nous endort pendant le trajet. Transpirants, plein de terres, épuisés et pas douchés depuis 4 jours, nous arrivons dans notre ancienne auberge où nous avions laissés nos affaires pour pouvoir rester une nuit de plus en revenant du trek. Enfin, c'est ce qu'on pensait! Car quand le chico nous annonce que tout est complet, on a bien failli se décomposer sur place! Imaginez-nous dans cet état, à devoir transporter tout le matériel de camping et nos affaires dans un énorme sac à patates de plus de 35 kilos?? C'est vraiment la mauvaise surprise d'arrivée... Après avoir fait le tour de 4-5 auberges, nous en trouvons une, un peu plus chère, pour y passer la nuit et surtout se doucher. En sortant manger notre pizza-oh-tant-attendue, nous croisons par hasard les trekkeurs français qui décident de nous rejoindre pour partager la pizza avec nous. Cette fois, pas comme au Machu Picchu, on fait les choses bien et on choisit la meilleure pizzeria de Huaraz. Les prix ne sont pas donnés pour le Pérou, mais nous l'avons vraiment méritée. On se régale tous les cinq pendant qu'on partage nos voyages respectifs, l'esprit rêveur et les papilles orientées pizza. Voilà comment se termine en beauté cette magnifique expérience de la randonnée de Santa-Cruz. Nous sommes vraiment hyper contents d'avoir fait tout ce trajet jusqu'à Huaraz pour découvrir tout ce que la région a à offrir de moins connu chez les voyageurs. Nous recommandons vivement aux passionnés de marche, d'aventure, de sensations fortes, de montagne, d'escalade ou juste aux curieux de venir jeter un coup d'oeil à la cordillère blanche, au parc national Huascarán et aux sommets (atteignables) qui se dressent autour de Huaraz.
Bisous, bisous! A bientôt pour de nouvelles aventures! :-)
