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De Osaka à Hiroshima: le Japon en auto-stop

C'était parti d'une histoire d'argent. Puis, peu à peu, l'aventure a pris un chemin complètement différent: le destin nous a amené à faire des rencontres improbables, les petites rues ont croisé les autoroutes, les cultures se sont mélangées, échangées, empruntées, les souvenirs se sont gravés, les sourires entremêlés et alors, c'est là que nous avons pris conscience d'avoir atteint notre but.




Mardi 14 juin vers 7h du matin, notre bus de nuit nous dépose dans la grande ville d'Osaka. En 7 jours, on a décidé de découvrir une petite partie du Japon, la plus connue, avant d'y retourner sûrement un autre jour. Le but est de relier Osaka à Hiroshima (340 kms). Malheureusement, le billet de train en Shinkansen, le célèbre "bullet train" japonais tout puissant, est vraiment très cher. Il faut donc trouver une autre solution. Après quelques recherches et des conseils lus sur des blogs, on décide de se lancer dans une grande première: l'auto-stop.


A ce moment-là, nous n'y connaissons rien, à part le fait d'inscrire un lieu sur une pancarte. Bien vite, on prendra la main.Jeudi 16 juin, la visite d'Osaka et de Kyoto est bouclée, on peut donc s'en aller: l'aventure va commencer! Notre premier panneau vient d'être dessiné, en kanji aussi. Sous la pluie, tôt dans la matinée, on se pose timidement au bord de la route en brandissant notre bout de carton et fixant les conducteurs dans les yeux.



On peut dire qu'on est chanceux pour ce premier essai car une voiture s'arrête après 5 minutes à peine. Vite, on se rue à l'intérieur, fourrant nos gros sacs là où on peut, dans l'habitacle de la petite voiture carrée du monsieur Japonais. Son bébé de quelques mois l'accompagne, confortablement installé dans son siège, il nous fixe avec curiosité. On passe tout le trajet à rire, discuter comme on peut et jouer avec le bébé. Le petit sushi gonflable qu'on lui donne l'amuse beaucoup, on espère d'ailleurs que cela l'incitera à devenir sushi-chef plus tard. Le monsieur Japonais nous dépose à Kobe, où un repas nous attend pour goûter le meilleur boeuf du monde.



Vers 15h, il pleut toujours comme des cordes, mais il faut qu'on avance pour atteindre Himeji, la destination qu'on s'est fixée pour ce soir. Cette fois, c'est en plein centre ville qu'on pointe notre panneau "Himeji" en espérant pouvoir en sortir sans l'aide du bus. C'est gagné! Après une demie heure, une japonaise nous dit de grimper. Elle s'arrête à Akashi, mais ça nous avance déjà beaucoup. Après s'être présentée, Yuma et nous discutons, utilisant Google Translate pour pouvoir communiquer. Une fois arrivés, elle s'inquiète pour nous et s'empresse de nous faire un petit carton sur lequel elle marque "aire d'autoroute", pensant qu'on aura plus de chances d'atteindre notre destination depuis là. Elle nous ajoute sur Facebook, on fait quelques photos puis timidement, elle nous tend un cornet avec deux bouteilles fraîches de café au lait et des chips: "present for you!".



Notre prochaine conductrice nous amène sur le parking de la prochaine aire, où on trouve notre dernier chauffeur de la journée. Ici, malgré l'affluence de voitures, nous avons attendu 20 minutes avant qu'un vieux monsieur fasse marche arrière pour nous prendre après avoir nettoyé les places arrières de sa voiture. Malgré le fait qu'il sorte du travail, il insiste pour nous emmener dans le centre d'Himeji, même si ce n'est pas du tout sa destination. Gênés, on accepte. Avant de partir, il nous donne sa


carte de visite, en précisant de l'appeler si on a le moindre problème !


Le lendemain, nous commençons notre quête de chauffeurs tard dans l'après-midi car nous avons été visiter le beau château d'Himeji, ce qui nous a retardé. Etant donné que la prochaine destination, Okayama est à 100 kms de là où nous sommes et que personne ne s'arrête, on perd presque espoir. Puis, c'est en marchant pour changer d'endroit stratégique qu'une petite main s'agite par-dessus une fenêtre: "venez, venez!"








Soulagés, on monte tout heureux dans sa voiture. Notre nouveau chauffeur a terminé sa journée de travail et se dirige dans la même direction que nous. Sur la route, il nous parle des endroits connus de sa ville et nous apprend différentes choses sur le Japon. On lui sort notre habituel "Anata wa totemo shinsetsu desu" (vous êtes très gentil) qui fait rire et sourire. "Arigato, Arigato, thank you!". Une fois sur l'aire d'autoroute, notre Japonais s'inquiète pour nous et tient à trouver personnellement notre prochain chauffeur. Il s'agite dans tous les sens, demandant à toutes les voitures de nous emmener. Un couple et leurs deux enfants nous embarquent dans leur monospace qui contient une moto à l'arrière! Ils habitent à Okayama, là où nous voulons aller. Le trajet se passe bien comme tous les autres: on joue avec les enfants, Snapchat fait rire comme jamais leur petite fille avec qui on fait des vidéos et Nelson communique avec les parents en utilisant Google Translate.




"Sekai ryokou wo sitemasu" "Nous faisons un tour du monde!"

"wooooooooooooooooaaaa!!???"

"One year"

"WOOOOAA ONE YEAR !!!"


Leur réaction nous fera toujours rire!


En arrivant à Okayama, on a la bonne surprise de voir que notre conductrice Yuma de la veille nous a écrit un incroyable message sur Facebook, suivi d'un autre du couple à la moto. Ils sont tous fiers de nous avoir pris et heureux de cette rencontre improbable! Ce soir, après ces 6 auto-stop, nous avons déjà chaud au coeur et nous sommes vraiment heureux d'avoir tenté cette expérience. Mais le meilleur reste à venir...




Après une nuit très courte, à la recherche d'un hôtel pas cher que nous avons trouvé qu'à 23h, nous commençons l'auto-stop à midi. Sous un soleil de plomb, le crâne en feu, on attend et on attend encore le pouce levé: rien. On tente les acrobaties, les sourires Colgate, les "peace" à la japonaise, mais rien. Peut-être allons-nous trop loin pour eux? Quand on perd espoir, c'est là que la chance nous sourit !!!




Une heure s'est écoulée au soleil (assez pour les marques du t-shirt sur la peau) quand un Japonais s'arrête. On ne sait pas trop où il va, ce n'est pas très clair, mais on lui fait confiance. Même rengaine: on sort nos petites phrases japonaises, on se présente, on pose des questions. Le Japonais rigole, il traduit avec son Google Translate (qu'il vient de télécharger à l'instant...) et s'intéresse à notre voyage. Il nous pose vers une entrée d'autoroute, où nous attendons la prochaine voiture. Avant de partir, il nous offre deux bouteilles de thé vert qu'il vient d'aller acheter pour nous. "Arigato gosaimasu! Merci beaucoup, beaucoup!" Il part, tout sourire avec de grands signes de la main.


Pas le temps de respirer qu'une maman et sa fille viennent nous chercher pour nous amener un peu plus loin. Après quelques minutes, la petite a aussi le droit à son sushi gonflable, qu'elle sert fort dans ses bras. La voiture s'arrête à Kurashiki, juste avant les péages d'autoroute. Quelques photos, deux bouteilles d'eau fraîche en cadeau et on se quitte.



Deuxième attente sous une chaleur pas possible: personne ne nous prend, mais tout le monde rigole. Notre espoir d'arriver à Hiroshima ce soir s'envole peu à peu en fumée. Quand soudain, une petite voix nous appelle: c'est un couple âgé derrière nous qui est d'accord de nous emmener à Fukuyama. Il pense que ce sera trop tard pour trouver une autre voiture pour nous emmener à Hiroshima, il nous propose de nous héberger ce soir et nous emmener à notre destination le lendemain. On accepte!


Ils sont très gentils, le mari se débrouille bien en anglais, car il a travaillé en Egypte pendant deux ans. La belle histoire peut commencer! Arrivés dans leur belle maison de style japonais, on découvre une belle chambre qui sera la nôtre pour la nuit. Nous partons tous les quatre au restaurant de leur village, où nous mangeons littéralement à nous faire exploser le ventre: okonomiyaki, tonpei, tempura, tukune, tofu, coquilles saint-jacques, un vrai délice! On essaie tous les petits plats typiques de la région, avec une bière Asahi et du saké! S'en suit un petit digestif à la maison, pendant lequel Nelson goûte le whisky-miso (eau). La femme nous habille de kimonos et d'un jinbei pour Nelson, me coiffe et nous prend en photos. Ils sont tout heureux et applaudissent ! Elle nous offre des bonbons, des petits gâteaux japonais et tient à nous remettre les kimonos, comme cadeau. C'est dur à accepter, on est gênés, surtout car le kimono vaut 100'000¥. Un cadeau d'une valeur de 1000.-, ce n'est pas rien, mais la valeur sentimentale est plus forte!



Pour terminer, ils tiennent à nous emmener dans un restaurant traditionnel de tempura, là où on mange sur des tatamis et tout est en bois. Malgré nos estomacs bien remplis, on arrive à faire un effort pour avaler deux mini brochettes. Tous les voisins sont là, ils sont ébahis de nous voir ici et notre incroyable histoire d'auto-stop depuis Osaka fait maintenant le tour des tables. Poignées de main, sourires, "arigato", questions sur notre voyage, on se croit dans un interview, mais on est heureux de pouvoir discuter avec des locaux dans cet endroit inattendu!


Le lendemain matin, après un petit-déjeuner de luxe (saumon grillé, petite salade, omelette japonaise tamagoyaki et bol de riz), on se met en route pour Hiroshima. Il pleut des cordes sur la route, mais on arrive à destination après une heure de trajet. Nos deux hôtes nous disent au revoir, on échange nos adresses e-mails pour leur faire suivre les photos, en espérant un jour pouvoir les accueillir en Suisse!


Voilà, on a atteint notre but ! Alors que nos amis japonais pensaient que ce serait impossible et pas trop recommandé, c'était sûrement la meilleure décision pour se mêler aux locaux et découvrir le Japon. On reviendra, c'est sûr, et on le refera!









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