En fouillant un peu sur les blogs et sur les sites d'informations de voyage en Chine, on a trouvé plusieurs références au mont sacré, Emei Shan, qui nous ont donné envie d'en savoir plus. Dans le Sichuan, ce ne sont pas les montagnes et les sommets à haute altitude qui manquent, on l'aura compris lors de notre voyage en train. Alors pourquoi ne pas consacrer quelques jours à une aventure un peu différente, sportive et hors des sentiers battus? On vous emmène avec nous, sans le moindre effort, le long de ses fameuses marches, pour vous donner on l'espère l'envie et le courage de les gravir à votre tour!
Leshan et son Grand Bouddha
Tout a commencé dans le petit village de Baoguo, d'où la marche commence. On y est arrivés depuis Chengdu en bus. A quelques kilomètres de là, se trouve la ville de Leshan qui renferme fièrement dans sa montagne le premier Bouddha de Chine qui est aussi le plus grand du monde. Il est très simple d'y faire une expédition d'une journée, à condition de ne pas s'y prendre trop tard, comme nous. Nous sommes arrivés au pied du Bouddha tard dans l'après-midi, ce qui nous a valu une course contre la montre pour la visite avant de retourner à la gare routière pour attraper le dernier bus pour Baoguo, que nous avons malheureusement loupé!
Après une quinzaine de minutes d'escalade, on arrive à la hauteur de la tête du grand Bouddha, ce qui nous laisse seulement une petite idée sur sa grandeur. C'est seulement en arrivant à ses pieds et en regardant en l'air qu'on prend conscience de ses 71 mètres !!! On a beau avoir vu des Bouddhas par milliers au cours de ce voyage en Asie, mais celui-là restera un des plus impressionnants. De retour à notre petite auberge, le Teddy Bear Hostel, on prépare nos sacs de randonnée pour le lendemain: mieux vaut ne pas prévoir trop, car la montée est sévère et le mal de dos qui viendra avec si on se charge trop... Attention, selon la période, il peut faire vraiment froid au sommet et les nuits dans les monastères sont fraîches: équipez-vous en conséquence!
Ascencion du Mont Emei
9:30 : c'est l'heure du départ ! Les premières marches se font sous une pluie fine et froide et sous le brouillard au pied de la montagne. Pour nous aider, on se fabrique 3 bâtons en bambou qui nous accompagneront jusqu'au sommet. Grâce aux cartes de la montagne reçues par l'hôtel, on sait combien de temps on devrait mettre d'un point A à B, combien de kilomètres et quels sont les endroits où il est possible de passer la nuit. Ces cartes nous ont été extrêmement utiles, surtout pour se repérer, ce qui n'est pas toujours évident à cause des panneaux en chinois et des bifurcations multiples sans indication!
La première partie du trajet commence par deux heures de montée pour prendre un peu d'altitude, au coeur de la forêt et des ruisseaux. Quand celle-ci se termine, la pluie s'est arrêtée et le climat est redevenu doux, plus agréable pour marcher sans nos k-ways! On attaque ensuite une descente, puis après s'être perdus, on revient sur nos pas pour reprendre la bonne route et faire une pause déjeuner. Le menu est en chinois, mais on arrive à commander quelques nouilles pour nous remplir d'énergie.
Il en faut ! La deuxième partie consiste en 15kms de montée, dont des tronçons interminables très raides. Après avoir marché 4h sans avoir pratiquement croisé personne, on retombe au milieu des touristes. Le pavillon Qingyin est un point accessible par la route, ce qui explique le nombre de chinois venus marcher un petit bout sur la célèbre montagne, avant de retourner dans leur car. Il y a aussi un passage connu et obligatoire, celui des singes farceurs. En effet, la montagne est habitée par des macaques du Tibet, une race que l'on trouve dans cette région de la Chine. En général, ils sont plutôt peureux, mais sur ce passage-là, ils ont été habitués à être nourris, et volent tout ce qui leur tombe sous la main, littéralement. Ces malins nous attendent sur le pont suspendu, prêt à attraper nos lunettes et selfie stick. On avait été prévenu: il fallait tout ranger... Un d'entre eux nous a d'ailleurs volé nos bouteilles d'eau, alors qu'elles coûtent la peau des fesses sur le chemin du Mont Emei et qu'on en
trouve pas partout !! Grrrr...
Une fois la horde de touristes dépassée et les singes esquivés, on se retrouve de nouveau seuls. Devant nous, un Chinois porte d'énormes sacs de riz et monte les marches quatre à quatre, nous semant quelques minutes plus tard. Il nous reste près de 3h30 de montée et la fin de l'après-midi approche. On ne fait que monter, presque sans pause pour arriver avant le coucher du soleil, quand enfin, on arrive au monastère Xinfiang ! Heureux, on brandit nos bâtons de bambou pour la photo d'arrivée. Le prix pour une chambre à trois est un peu cher, mais c'est pas comme si nous avions le choix, ici... Le monastère est vraiment très rudimentaire, mais heureusement, les lits sont dotés de couvertures chauffantes, sans quoi nous aurions eu vraiment très très froid la nuit. Soupes et riz pour le souper afin de se réchauffer par ces 7 degrés!
Le lendemain, on attaque notre deuxième jour. On ne sait pas encore si on atteindra le sommet aujourd'hui, alors on marche jusqu'à être fatigués. Le paysage est toujours magnifique, surtout quand le ciel est dégagé et qu'on aperçoit les montagnes qui nous entourent avec la brume qui flotte au-dessus des arbres. Cascades, petits échoppes presque désertes, temples et monastères sont notre quotidien le long des marches, sans presque croiser personne. Après 16 kms, on atteint le monastère qui se trouve à la hauteur de la station de bus. A partir de ce point, on sait qu'il est possible de redescendre avec les transports. Un moine nous propose une chambre à un prix très bas, mais il n'est que 13h, on décide alors de continuer jusqu'au sommet! Les bus s'arrêtent donc ici, où une télécabine prend le relais et amène les touristes à quelques marches du sommet. Le chemin n'est donc plus aussi tranquille qu'il l'a été, il faut maintenant partager les marches! Sur les derniers kilomètres, des hôtes nous proposent des lits moins chers qu'au Monastère. On pourrait redescendre aujourd'hui après avoir atteint le sommet, mais on voudrait voir le lever du soleil demain matin, c'est pourquoi on décide de se reposer dans un hôtel tout proche du sommet. Vers 17h30, c'est la fête: voilà, on l'a fait, on a gravit les 60'000 marches qui nous séparaient du Mont Emei! On célèbre notre victoire avec des nouilles instantanées dans la chambre (à défaut de champagne et de restaurant ouvert...).
Finalement, le plus joli souvenir restera la marche: samedi 28 mai à 6h, le soleil ne perce pas les nuages gris et lourds qui stagnent dans le ciel. Depuis le sommet culminant à 3099 mètres d'altitude, on a une très belle vue sur ce qui nous entoure et sur les lumières de la ville tout en bas, mais on ne verra pas le beau lever de soleil qu'on nous avait (peut-être) promis. Pour couronner le tout, la célèbre statue du sommet d'or, constituée d'une divinité à plusieurs têtes assise sur des éléphants, est bâchée pour rénovation... Malgré la déception au sommet, l'aventure n'en reste pas moins magique. C'est avec soulagement qu'on descend les 52kms de route en bus, afin de retourner au Teddy Bear Hostel et retrouver le soleil qui s'était caché ce matin! La bière de récompense nous attend avec un bon plat de nouilles: on l'a fait !
60'000 marches, de 550 mètres à 3099 mètres d'altitude, une bonne dose de courage, trois petits bâtons de bambou, quelques litres d'eau, une centaine de gouttes de sueur et des fesses en bétons ! Voilà ce qui vous attend le long de l'escalade du Mont Emei, en plus des paysages magnifiques qui s'offrent à vous seulement si vous osez tenter la partie réservée aux marcheurs, plutôt que de monter avec le bus.
Conseils pour monter le Mont Emei
Ne prenez pas d'affaires superflues, car vous risquez de regretter d'avoir trop de poids dans votre sac
Emportez quelques bars énergétiques et fruits pour vous redonner de l'énergie: sur le chemin, les prix sont doublés
Si vous avez la possibilité, emportez une bouteille d'eau d'un litre et des pastilles micropur pour remplir votre bouteille à la cascade et la rendre potable. Sinon, il faudra payer 10 Yuans pour une petite bouteille d'eau.
Prenez des habits chauds pour la nuit et selon la météo, un k-way ou une veste imperméable
Demandez une carte de la montagne à votre hôtel avant de partir
Armez-vous d'un bâton de bambou pour vous aider à marcher et surtout pour faire fuir les singes qui voudront vous piquer vos affaires!
Si vous traversez le passage des singes farceurs, sur le flanc gauche de la montagne, traversez sans vous arrêter et ranger TOUT à l'intérieur de votre sac
Etudiez un peu la carte pour savoir où vous aller vous arrêter pour la nuit: il est dangereux et interdit de marcher de nuit sur le sentier
Si vous ne vous sentez pas de monter 2500 mètres de dénivelé, vous pouvez prendre le bus pour gagner un peu d'altitude, puis faire le reste à pied. Cependant, le flanc gauche n'est accessible qu'à pied et c'est là la partie la plus belle!
Infos utiles Trajets: - Emei Shan - Leshan en bus, 11 Yuans pour 45 minutes de trajet, puis le bus n°13 pendant environ 30 minutes jusqu'au Bouddha - Bus pour le sommet d'or (EmeiShan): environ 100¥ aller/retour - Télécabine jusqu'au sommet: entre 50 et 60¥ un trajet Où dormir? - Teddy Bear Hostel, à Baoguo, 35¥ le lit en dortoir. Très bonne auberge bien située, propre et avec un bon restaurant - Dans la montagne: dans les monastères pour une expérience unique. Environ 40-50¥ le lit en dortoir, un peu plus pour une chambre. - Golden Summit Hotel, magnifique hôtel **** au sommet, 800¥ la nuit Activités: - Entrée au site du Grand Bouddha de Leshan: 90¥ tarif plein / 45¥ étudiant - Entrée au site d'Emei Shan: 185¥ / 50% étudiant