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New Delhi l'infernale et Agra double-face

...à travers les yeux d'une femme.

Tu dois t'imaginer l'Inde comme moi j'avais bien voulu l'imaginer: Bollywood à paillettes, saris colorés, pashminas brodés, mariages et fêtes, palais, princes et princesses, chaï, tandoori et chapatis... Bien sûr, on connaît aussi le revers de la médaille, la pauvreté, l'opinion de la femme, la saleté, pollution et surpopulation. Mais crois-moi, j'étais loin d'imaginer ce qui m'attendait.


Ce soir, Nelson et moi on est arrivés à New Delhi. Le chauffeur de taxi nous a posés devant notre auberge de jeunesse. Il demande déjà le triple du prix d'une course normale, ne veut pas céder, il devient agressif et méprisant. Épuisés du voyage, on le paie et on se couche.


Jeudi matin, on part à la découverte de la capitale. Petit sac au dos bien accroché, on marche direction le métro. Il faut qu'on traverse, là... Ah, pas de passage piétons? On suit les autres qui marchent de pars et d'autres de la route, on passe sous un pont sous lequel des enfants dorment et on s'engouffre dans le métro.


J'aimerais recharger les cartes de métro qu'on m'a gentiment prêtées, je m'adresse a l'homme au guichet: " bonjour, j'aimerais charger ces cartes s'il-vous-plaît"

Sans un sourire, il dirige sa tête vers un autre comptoir. Je m'approche et répète ma question. Le deuxième homme hurle dans son micro, impossible de comprendre en quelle langue il a parlé. Je demande pardon, il répète, et je m'aventure à lui demander des explications pour les tarifs. Il m'hurle dessus pendant que les clients derrière moi me bousculent, me dépassent et finalement me poussent hors du comptoir.


Bon, pas de carte, on achète un billet simple. Dans le métro, je sens qu'on me dévisage, qu'on me fixe, qu'on rigole, j'essaie de regarder par la fenêtre et éviter leur regard. Le wagon est rempli d'hommes. On doit se serrer, je tiens fermement mon sac et me colle contre la paroie.

On descends à Connaught Place, point central de la ville, à la recherche d'un guide Lonely Planet. Très vite, on se fait harceler par les enfants qui nous tirent par les manches, les conducteurs de rickshaw pour nous transporter, les mendiants... Pas d'air, les yeux piquent, les poumons grattent et on se sent encerclés, même après leur avoir répondu NON à maintes reprises. Je remarque des traces rouges douteuses sur les murs et Nelson s'amuse des vaches qui se baladent sur la route.


Une fois mon guide trouvé, on décide de marcher jusqu'au temple Sikh Gurudwara. Sur le chemin, on passe devant des "habitations" en pleine rue : de la tôle ou juste des draps, quelques personnes se cachent derrière, des bébés nus hurlent sur les trottoirs sous les pots d'échappement des tuktuk, leur mère les lavent avec de l'eau qui sent l'œuf moisi, un homme sans jambes se hisse sur les marches.... Ma tête tourne, mes yeux ne peuvent s'empêcher de regarder alors que mes jambes veulent juste marcher plus vite. J'ai dû mettre mes lunettes de soleil pour prétendre ne pas voir le regard des hommes sur moi.


Les expériences se multiplient au fil de cette journée interminable si bien que mon sourire à disparu. Mon expression est grave, triste, gênée et je suis mal à l'aise. J'aimerais avoir la formule magique pour les aider tous, je suis triste de voir comment est traitée notre planète et je me demande comment on peut en arriver jusque là. Tu penses peut-être être arrivé au mauvais endroit, car les palais sont pas là, mais la misère est à tous les coins de rue et tu ne peux pas l'ignorer et faire semblant.


La mine grise, Nelson et moi prenons le train le lendemain pour Agra, dans l'Etat de Uttar Pradesh, pour voir l'une des 7 merveilles du monde: le Taj Mahal. L'expérience de la veille se répète à la gare, personne ne nous aide et tout le monde nous dévisage. On essaie de faire abstraction. Une fois arrivés à Agra, un rickshaw nous emmène jusqu'à notre hôtel qui est horrible, sans réception, où nos draps sont sales et couverts de cheveux. C'est trop ! On part sans dire un mot, d'ailleurs, personne ne se soucie de nous.


Samedi matin, on entre au lever du soleil dans l'incroyable domaine du Taj Mahal. Le majestueux et célèbre palais sort petit à petit de sa brume matinale. Comme dans un rêve des 1001 nuits, on observe les contours se dessiner dans le ciel bleu...

On quitte la merveille pour repartir direction Delhi. C'est là qu'on commet l'erreur irréparable de sortir par la mauvaise porte, celle qui nous conduit vers la vérité... Le Taj Mahal, une belle histoire d'amour et d'argent, et non loin une misère inimaginable. A ce moment, on ne sait pas encore qu'on s'est trompés de chemin. On comprend vite quand on se retrouve dans un labyrinthe de petites ruelles complètement chaotiques. On marche vite pour sortir de là, le regard droit devant, on se croit dans un jeu vidéo ou en Syrie où des bombes ont déjà explosé de partout. On a beau voir beaucoup de choses à la télé, mais jamais on aurait pu imaginer ce qu'on venait de voir...


Un peu déboussolés et comme sortis d'un cauchemar, on s'arrange pour réserver deux billets d'avion pour Goa dans la soirée et nos sacs au dos, on repart direction l'aéroport de New Delhi.

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