Pourquoi l'Amazonie du côté péruvien?
L'Amazonie est un mot qui nous a toujours fait rêver. On s'imagine une jungle gigantesque, répartie entre plusieurs pays. Des animaux exotiques, des plantes dans tous les sens, des tribus, des secrets, le danger si on s'y aventure seul... Bref, un mystère de la taille de la France multiplié par dix, qu'on appelle le poumon de la Terre.
On peut y entrer accompagné d'un guide et vivre une expérience inoubliable pendant plusieurs jours, en choisissant son niveau de confort et son degré d'aventure. Le Brésil est le point central pour ces tours, particulièrement la ville de Manaus, en plein milieu de la jungle. Mais il est aussi possible de découvrir l'Amazonie depuis la Bolivie, l'Equateur, le Pérou, le Venezuela et la Colombie, entre autres. Certains endroits sont moins accessibles que d'autres, on ne peut y arriver que par bateau lent ou par petit avion si on a de la chance.
Au Pérou, il y a Iquitos et Puerto Maldonado. Le premier est un village très enfoui dans la jungle et loin de tout. Depuis là, on peut rejoindre la Colombie ou le Brésil par bateau. Néanmoins, ce n'était pas pratique pour nous, nous avons alors décidé de prendre un bus de nuit depuis Cusco pour arriver à Puerto Maldonado, tout près de la frontière bolivienne. En seulement 9 heures de bus, on passe de la fraicheur des montagnes à la chaleur tropicale de la région Madre de Dios, ça fait un choc!
Notre bus-cama, sièges inclinables à 180° comme de vrais lits:
De ce côté-là, il est possible d'entrer dans la réserve protégée de Manu, ou celle de Tambopata. Les deux sont complètement différentes mais garantissent une diversité de faune et flore comme nul part ailleurs, bien que ce soit toujours aléatoire et qu'on ne choisit pas quels animaux on va pouvoir rencontrer! On peut y voir des spécimens en voie d'extinction, un nombre incalculable d'oiseaux et papillons, mais surtout on est sûr de ne pas mettre en danger la santé des animaux, car ce sont des réserves protégées et un nombre très limité d'agences avec des guides certifiés par National Geographic peuvent y entrer.
Le lac Sandoval
Arrivés à Puerto Maldonado très tôt ce matin, nous attendons le guide qui doit nous emmener à l'agence où le tour a été réservé. On fait connaissance avec Efra, qui nous guidera pendant 4 jours dans la réserve naturelle Tambopata. Il préfère nous parler en anglais pour pouvoir s'exercer, alors on le laisse faire. Nous ne sommes que deux pour le départ d'aujourd'hui! C'est fou! A vrai dire, la saison des pluies est censée débuter juste maintenant... Ce n'est pas vraiment le moment idéal pour observer les animaux, mais peut-être qu'on aura de la chance.
On embarque pour 1h30 de bateau sur le fleuve Madre de Dios, qui coule jusqu'à la Bolivie pour ensuite traverser le Brésil et se jeter dans l'Amazone. Les paysages sont comme sur ces reportages qu'on voit des fois à la télé: le fleuve est brun, large, bordé par une végétation très dense et les bateaux se croisent sans arrêt. Dès qu'on met le pied à terre, on entre officiellement dans la réserve naturelle et protégée de Tambopata et il faut signer un registre et prouver qu'on est accompagnés d'un guide. Petite marche d'une heure et ensuite il faut reprendre une petite barque pour naviguer jusqu'au lodge qui se trouve au bord du lac Sandoval, le seul de Tambopata. Il a été nommé ainsi d'après le nom de l'explorateur qui l'a trouvé.
Nous voilà arrivés au Maloka Sandoval Lodge, un des cinq lodges autorisés dans le parc. Et là, c'est wahou! On ne s'attendait vraiment pas à avoir autant de confort au milieu de l'Amazonie! On avait entendu parler que certains dormaient dans des hamacs à l'extérieur (ce qui nous aurait bien plu aussi d'ailleurs) mais ce qui nous attend c'est inattendu. Notre chambre est grande avec un lit confortable, des linges, du savon, les fenêtres n'ont pas de vitres mais des moustiquaires (parfait pour entendre les bruits de la jungle la nuit) et il y a même une grande salle principale où tout le monde se retrouve pour manger, avec des jeux et un bar. En attendant que le repas soit prêt, Efra nous annonce la bonne nouvelle: deux heures pour faire la sieste! Après la nuit blanche dans le bus, on en rêvait. On s'écroule malgré les 35 degrés...
A nouveau, on est bluffés par le repas de midi qui nous attend, c'est comme au restaurant et c'est super bon (ragoût de viande, riz et bananes plantains). De nouveau, c'est l'heure de la sieste. Il faut savoir qu'ici, on ne fait rien entre 14h et 16h, car il fait beaucoup trop chaud pour aller au soleil.
Enfin, le moment tant attendu de toute la journée arrive: à la recherche des animaux !!!
On commence notre tour sur le lac Sandoval, à la recherche des animaux. Ce sont les singes capuccino que l'on voit en premier: ils sont tout petits et se déplacent en groupe, faisant du bruit dans les arbres quand ils sautent de branche en branche. Dans le lac, long de 3 km et profond de 3 mètres seulement, on trouve des poissons chats, des pirarucu et des piranhas. Mais on ne les voit pas car l'eau est trop brune. De plus, la pêche est interdite ici, sauf pour les tribus qui vivent dans la réserve toute l'année.
Plus loin, on entend le bruit des otaries de rivières, une espèce très menacée qu'on trouve uniquement ici. Il est interdit de les approcher à moins de 20 mètres, pour leur survie. C'est tout une famille qu'on voit, avec des petits qui s'amusent à sauter dans l'eau. Efra dit qu'on a la chance de les voir aussi actives car souvent elles se cachent sous l'eau!
Dans la jungle, il y a un grognement presque permanent, ça ressemble au bruit du cochon mélangé à un rire diabolique: c'est un singe! Il hurle pour marquer son territoire et on peut l'entendre à des kilomètres. On arrive à en voir quelques uns perchés sur des branches, ils sont foncés et plutôt flemmards.
Il faut être patient quand on cherche à observer les animaux et pas faire trop de bruit avec les rames de la barque. D'ailleurs les moteurs sont interdits. On entend énormément de bruits, beaucoup d'oiseaux surtout, et on reste plusieurs minutes stationnés près du bord pour tenter d'apercevoir un animal dans cette jungle dense. Et c'est là qu'on voit un toucan, sur la cime d'un arbre!!! Enfin! On le cherchait partout, on ne l'avait pas vu en Bolivie et là on le voit, coloré et majestueux. Malheureusement il s'envole déjà, on a eu à peine le temps de le voir. Deux heures de barque plus tard, on rentre au lodge, accompagnés par d'énormes papillons bleu magnifiques. On vous avait déjà dit qu'il y a plus de 3000 espèces de papillons dans cette réserve? :-) Ah oui, petit détail: le générateur du lodge est cassé, il n'y a donc pas d'électricité, il faut s'éclairer à la bougie! C'est pas grave, ça donne un charme de plus à l'endroit. Le soir, on mange avec Efra notre guide, un allemand et un suédois qui ont presque terminé leur tour dans la jungle. Nelson m'apprend ensuite à jouer aux échecs et à 21h, tout le monde part se coucher. Il fait nuit depuis 17h30.
Deuxième jour A 5h30, Nelson et moi sommes prêts à retourner sur la barque. Le soleil s'est déjà levé mais la jungle reste encore assez silencieuse, avec de belles couleurs dans le ciel. L'aube est propice à l'observation des animaux, en particulier des oiseaux. On assiste au spectacle d'un canard qui a pêché des serpents à deux reprises et qui essaie de les gober comme des spaghettis, alors que le serpent cherche à ressortir en se dandinant dans son cou. On retrouve nos singes préférés camouflés dans les arbres et enfin deux caïmans. Efra nous confie qu'il ne faut pas s'aventurer dans ce coin la nuit en barque, car les caïmans pourraient attaquer et faire couler la barque !!!! Oups...
Le tour terminé, on rentre au lodge, accompagnés cette fois par des libellules et des bourdons. Un petit-déjeuner royal est servi à table: guacamole frais, toast, chips de banane plantain, feuilletés craquants au jambon et oeuf au plat. Après avoir repris des forces, Efra nous emmène faire un tour dans la jungle, on troque les rames du bateau contre des grosses bottes pour la boue! Le guide nous parle de plusieurs plantes médicinales qu'on rencontre sur le chemin: contre le mal de tête, pour soigner la malaria, les problèmes de reins ou le mal des os. Souvent, il faut couper les feuilles, faire bouillir et boire la mixture. Les familles qui vivent dans la réserve s'en servent encore, et refusent de prendre des médicaments ou d'aller chez le médecin en ville. Ils se sont toujours débrouillés comme ça! Il nous apprend à reconnaître certaines araignées (beurk), des venimeuses surtout qui tissent de grandes toiles qu'il faut repérer pour ne pas foncer dedans.
La jungle est dense, on suit le petit chemin qui a été tracé, mais Efra doit toujours couper des branches avec sa machette au fur et à mesure car ça grandit super vite! Il y a par exemple le palmier marcheur, il est appelé comme ça car chaque année il avance de 10 à 15 centimètres en créant de nouvelles branches et en abandonnant les plus vieilles. Et hop, il se déplace! Une heure et plusieurs piqures de moustiques plus tard, la ballade informative est terminée. On mange et on sieste, sous la pluie. A 16h30, l'heure de la sortie en bateau, un grand groupe de 15 personnes arrive au lodge: le silence, c'est terminé! Nelson, le suédois et moi décidons de ne pas participer au tour en bateau. A cause de la pluie, Efra nous dit honnêtement que nous ne verrons rien et qu'on sera tout mouillés. A la place, on retourne dans la jungle marcher un peu. A un moment, on entend un genre de grognement, pensant qu'un jaguar pourrait être dans les environs on s'empresse de vite rentrer. En arrivant, Efra a l'air étonné qu'on y soit allé tout seul et dit que c'était trop dangereux d'y entrer sans guide. Oh, oh..... on ne lui parlera pas du grognement qu'on a entendu! Après le repas à la bougie, on découvre une grosse tarentule toute velue sur un palmier à côté des chambres. Impressionnant mais dégoûtant!!!
Troisième jour Il a plu comme pas possible toute la nuit sans arrêt, avec du tonnerre violent. Au moins, on a tous bien dormi. Mais quand le réveil a sonné à 5h du matin, personne ne s'est levé pour le tour en barque. Enfin si, Efra, pour dire qu'on ne pouvait pas aller sur le lac avec cette pluie qui inonderait le bateau sans compter le risque d'électrocution à cause des éclairs. Grâce matinée tant attendue, avec le bruit de la pluie!!! Après le deuxième petit-déjeuner royal, on attend jusqu'à 10h que la pluie s'arrête pour traverser le lac et explorer la jungle de l'autre rive. On y trouve des arbres plus que centenaires, ils sont impressionnants! Heureusement qu'on a tous des bottes, car il faut traverser des piscines d'eau qui nous arrivent parfois presqu'au genou. Pendant cette marche, on ne voit pas d'animaux, ils se cachent tous.
Notre guide s'est fait piquer par un scorpion cette nuit, car il marchait à pieds nus. Apparemment, la douleur est terrible pendant les premières heures, mais la piqure ne serait pas dangereuse. On est rassurés! L'après-midi, on reprend notre barque pour observer les singes écureuils, comme ceux de la Pampa en Bolivie (par ici pour lire l'article et par là pour la vidéo). Quand tout à coup, on revoit le beau toucan, au même endroit que le premier jour!!! Cette fois, pas question de le louper: grâce au bon zoom de notre appareil photo qui remplace un peu une paire de jumelle, on peut distinguer les belles couleurs de ses plumes et son long bec. Alors, il est pas splendide cet oiseau exotique?
Depuis la tour d'observation de 5 étages, on a une vue étendue sur tout le lac Sandoval ainsi que le coucher de soleil qui se profile à l'horizon. Efra nous donne un petit cours sur les espèces protégées de la réserve et l'histoire de Tambopata. En rentrant, de nuit, on éclaire les yeux des caïmans pour les faire briller. Un caïman noir peut mesurer jusqu'à 6m de long! Alors quand il y en a un qui nous approche doucement, avec ses yeux en dehors de l'eau, on est pas toujours rassurés... Finalement, on ne verra pas beaucoup d'yeux ce soir mais plutôt de gros papillons de nuit qui nous foncent dessus et des chauve-souris qui profitent de notre lumière pour s'offrir un buffet.
On enjambe la mygale sur le pas de la porte du lodge, on mange notre dernier repas et tout le monde part se coucher, bercé par les bruits de l'Amazonie. Dernier jour Ce réveil là, on s'en souviendra. A 4h30, encore tout fatigués, on monte sur la barque avec nos sacs après avoir fait nos adieux à notre petite maison sauvage de ces dernières nuits. Cette nuit, une bête m'a piquée dans l'oeil et je vois quasiment rien.
On est censés aller voir des perroquets, mais le temps est mitigé et ils ne sont pas présents. Alors on sort officiellement de la réserve de Tambopata pour prendre le bateau à moteur sur le fleuve Madre de Dios et on se rend sur l'île aux singes... sans singes. Dans le package que nous avons acheté, nous avions des activités incluses comme le kayak, de la tyrolienne, une marche "canopy" sur un pont suspendu et une visite dans une tribu de la réserve. Au final, on se fait avoir et le guide trouve des excuses pour dire qu'à cause de problèmes de sécurité et de la pluie, ces activités ne peuvent pas être effectuées. Dommage, tout était parfait jusqu'à maintenant! Après avoir poussé un coup de gueule et demandé à être remboursés si on ne faisait pas ces activités, on trouve une solution et on part pour faire de la tyrolienne. La plus nulle qu'on aie jamais faite haha. Ca ne valait pas la peine du tout.
Enfin bref, le fait est qu'il est 11h, qu'on en a pour encore 2h de bateau pour rentrer au village de Puerto Maldonado et qu'on a toujours pas mangé de petit-déjeuner et on meurt de faiiiiiimmmm.
Dernière après-midi relax au Pérou Nous voilà à l'agence où tout avait commencé il y a 4 jours. Il fait très chaud aujourd'hui, presque 35 degrés sans parler de l'humidité. Un repas typique nous attend: du riz aux épices avec du poulet, emballé dans une feuille de banane comme un petit paquet! Délicieux.
On dévore le tout puis on s'entasse dans un tuk-tuk qui nous mène à l'Anaconda Lodge, une guesthouse tenue par une thailandaise et un suisse, avec piscine et petits bungalows basiques. C'est ici qu'on décide de passer nos derniers instants au Pérou, profiter de se baigner, se reposer et écrire le blog. Un endroit rêvé après 4 jours dans l'humidité permanente de la jungle! :-)
En route pour les dernières aventures 33 jours au Pérou. 33 jours inoubliables, à découvrir des lieux qu'on avait toujours rêvé de voir, à marcher, à bouger, à apprendre, à s'émerveiller... Dire qu'on a failli changer nos plans et supprimer le Pérou de notre liste, ça aurait été une belle erreur! Ce qui est sûre, c'est qu'on reviendra! :-) Demain, on attaque le tout dernier pays de notre grand voyage, ça fait tout drôle de se dire ça. Avant d'entamer cette longue journée de voyage, repas de départ s'il-vous-plait! La tradition oblige :-) c'est la proprio thaï de l'Anaconda Lodge qui nous cuisine un Pad Thaï qui nous re transporte en Asie, là où tout avait commencé 11 mois plus tôt. Que le temps passe vite quand on s'amuse... A la prochaine, sous le soleil brésilien :-)
MERCI
UN GRAND merci particulier à Jeanne, Fabienne, Riza, Darya, Milan, Jérémy, Angelo, Claudia, Vanessa Q, Vanessa I, Rabiaa, Seb, Federica et Sandrine qui m'ont offert ce magnifique cadeau d'anniversaire pour mes 26 ans!
Infos utiles:
- Cusco à Puerto Maldonado, compagnie CIVA, 60 Soles pour le bus cama. Départ à 21h, arrivée 5h
- Tour dans la jungle: 200$ par personne pour 4 jours / 3 nuits au Maloka Sandoval Lodge, guide et repas inclus. Tour réservé depuis Cusco.
- Entrée dans la réserver 21$ à payer sur place
- Anaconda Lodge, près de l'aéroport un peu excentré. 80 Soles le bungalow avec sdb partagée. Plats thaï au restaurant: 18-23 Soles.
